Rafael et la danse Biodynamique
Danse Biodynamique
Retrouver son « corps félin »!
par Rafael Baile
Thérapeute psychocorporel et danseur, Rafael Baile nous raconte son parcours qui l’a mené à créer la danse biody- namique. Un art du mouve- ment qui conduit chacun d’entre nous à retrouver
son « corps félin ».
Synthèse des grandes disciplines corpo- relles qui intègrent les lois fondamentales du mouvement, la danse biodynamique cherche à libérer le corps de toutes les contraintes artificielles en le ramenant à sa psy- chomotricité naturelle : le « corps félin ».
Dans une quête de vérité universelle révélant les règles immuables du corps en mouvement, elle jette des ponts entre l’Occident (Wilhelm Reich) et l’Orient (Itsuo Tsuda(1)), l’ancien monde (Rudolf Steiner) et le nouveau monde (Temple Fay(2) et Béatrice Padovan(3)).
Retrouver une intégrité psychocorporelle
Cette recherche avait commencé alors que j’étais encore étudiant à l’Ecole de Psychologie Biodynamique de Montpellier. D’abord à tra- vers toute l’approche reichienne, démontrant la correspondance entre le refoulé psychique et le corps réprimé. La libération des cuirasses musculaires, tissulaires, viscérales, ainsi que les effets du mouvement orgonomique, démon- trait de toute évidence le réel pouvoir de désin- toxication de ce travail sur les différents tissus du corps au sein même de la cellule, de son noyau. La pulsation universelle, régénératrice du mouvement de vie, est ainsi restimulée. Ensuite, lorsque j’ai mis en place un atelier d’expression corporelle à l’Hôpital Psychia- trique d’Aix-en-Provence et que j’ai commencé à recevoir des patients en séance individuelle, ma recherche s’est orientée très concrètement sur les possibilités de réparer les carences dans la structure du corps par le mouvement. Je me suis intéressé alors au mouvement régénérateur d’Itsuo Tsuda afin de défaire les tensions, les blocages, voire les déformations posturales liées
Danse Biodynamique
Retrouver son « corps félin »!
par Rafael Baile
Thérapeute psychocorporel et danseur, Rafael Baile nous raconte son parcours qui l’a mené à créer la danse biodynamique. Un art du mouvement qui conduit chacun d’entre nous à retrouver
son « corps félin ».
Synthèse des grandes disciplines corpo- relles qui intègrent les lois fondamentales du mouvement, la danse biodynamique cherche à libérer le corps de toutes les contraintes artificielles en le ramenant à sa psy- chomotricité naturelle : le « corps félin ».
Dans une quête de vérité universelle révélant les règles immuables du corps en mouvement, elle jette des ponts entre l’Occident (Wilhelm Reich) et l’Orient (Itsuo Tsuda(1)), l’ancien monde (Rudolf Steiner) et le nouveau monde (Temple Fay(2) et Béatrice Padovan(3)).
Retrouver une intégrité psychocorporelle
Cette recherche avait commencé alors que j’étais encore étudiant à l’Ecole de Psychologie Biodynamique de Montpellier. D’abord à tra- vers toute l’approche reichienne, démontrant la correspondance entre le refoulé psychique et le corps réprimé. La libération des cuirasses musculaires, tissulaires, viscérales, ainsi que les effets du mouvement orgonomique, démon- trait de toute évidence le réel pouvoir de désin- toxication de ce travail sur les différents tissus du corps au sein même de la cellule, de son noyau. La pulsation universelle, régénératrice du mouvement de vie, est ainsi restimulée. Ensuite, lorsque j’ai mis en place un atelier d’expression corporelle à l’Hôpital Psychia- trique d’Aix-en-Provence et que j’ai commencé à recevoir des patients en séance individuelle, ma recherche s’est orientée très concrètement sur les possibilités de réparer les carences dans la structure du corps par le mouvement. Je me suis intéressé alors au mouvement régénérateur d’Itsuo Tsuda afin de défaire les tensions, les blocages, voire les déformations posturales liées à la névrose et à la psychose. Puis j’ai intégré les théories de Steiner sur le langage du corps, ainsi que les recherches de Temple Fay et Béatrice Padovan sur la mise en place du développement de l’ontogenèse. Celles-ci ont élaboré ainsi tout un système de reconstruction de l’édifice psy- chocorporel : mouvement fœtal, de naissance, de l’évolution des espèces (petite enfance), primitif (enfance), mouvement accompagné (enfance, adolescence), pour arriver enfin à la danse, aboutissement final du processus de reconstruc- tion. Je devenais ainsi malgré moi une sorte de mécanicien qui réajuste, replace, répare les pièces défectueuses du « véhicule » afin qu’il puisse au mieux acheminer le « conducteur » à sa destination.
38 Génération Tao n° 57
La Voie
du Mouvement
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Retrouver son « corps félin »!
par Rafael Baile
S
ynthèse des grandes disciplines corporelles
qui intègrent les lois fondamentales
du mouvement, la danse biodynamique
cherche à libérer le corps de toutes les
contraintes artificielles en le ramenant à sa psychomotricité
naturelle : le « corps félin ».
Dans une quête de vérité universelle révélant
les règles immuables du corps en mouvement,
elle jette des ponts entre l’Occident (Wilhelm
Reich) et l’Orient (Itsuo Tsuda(1)), l’ancien
monde (Rudolf Steiner) et le nouveau monde
(Temple Fay(2) et Béatrice Padovan(3)).
Retrouver une intégrité psychocorporelle
Cette recherche avait commencé alors que
j’étais encore étudiant à l’Ecole de Psychologie
Biodynamique de Montpellier. D’abord à travers
toute l’approche reichienne, démontrant
la correspondance entre le refoulé psychique et
le corps réprimé. La libération des cuirasses
musculaires, tissulaires, viscérales, ainsi que les
effets du mouvement orgonomique, démontrait
de toute évidence le réel pouvoir de désintoxication
de ce travail sur les différents tissus
du corps au sein même de la cellule, de son
noyau. La pulsation universelle, régénératrice
du mouvement de vie, est ainsi restimulée.
Ensuite, lorsque j’ai mis en place un atelier
d’expression corporelle à l’Hôpital Psychiatrique
d’Aix-en-Provence et que j’ai commencé
à recevoir des patients en séance individuelle,
ma recherche s’est orientée très concrètement
sur les possibilités de réparer les carences dans
la structure du corps par le mouvement. Je me
suis intéressé alors au mouvement régénérateur
d’Itsuo Tsuda afin de défaire les tensions, les
blocages, voire les déformations posturales liées
Thérapeute psychocorporel
et danseur, Rafael Baile nous
raconte son parcours qui l’a
mené à créer la danse biodynamique.
Un art du mouvement
qui conduit chacun
d’entre nous à retrouver
son « corps félin ».
Danse Biodynamique
crédit photo : Rafael Baile
à la névrose et à la psychose. Puis j’ai intégré les
théories de Steiner sur le langage du corps, ainsi
que les recherches de Temple Fay et Béatrice
Padovan sur la mise en place du développement
de l’ontogenèse. Celles-ci ont élaboré ainsi tout
un système de reconstruction de l’édifice psychocorporel:
mouvement foetal, de naissance, de
l’évolution des espèces (petite enfance), primitif
(enfance), mouvement accompagné (enfance,
adolescence), pour arriver enfin à la danse,
aboutissement final du processus de reconstruction.
Je devenais ainsi malgré moi une sorte de
mécanicien qui réajuste, replace, répare les
pièces défectueuses du « véhicule » afin qu’il
puisse au mieux acheminer le « conducteur »
à sa destination.
Le corps félin
A travers toutes mes recherches en psychothérapie,
je voyais bien comment le mouvement
de vie circulait ou ne circulait plus dans le
corps, mais en tant que danseur, je voulais absolument
découvrir ce centre fondamental d’où
le mouvement part et revient. Ce qui fait
que le corps est mis en mouvement sans
être obligé de le faire, à la manière
d’un souffle qui le traverse. C’est
alors que j’ai trouvé le dénominateur
commun à toutes mes interrogations
: lorsqu’un enfant tombe,
pourquoi ne se fait-il pas mal ? Pourquoi
les chats se récupèrent-ils toujours
sur leurs pattes? Pourquoi tout à
coup, au cours des ateliers, les psychotiques
retrouvaient-ils un corps avec un centre, un axe
et une expression cohérente? Avaient-ils ainsi
retrouvé, au moins en partie, l’intelligence instinctive
de ce corps félin ? Ce corps félin, qui est
toujours relié à son centre, peut récupérer son
poids, aussi bien en statique qu’en déplacement
et donc gérer n’importe quel déséquilibre, à la
manière d’une boussole qui le ramènerait toujours
dans son centre de gravité.
Malheureusement, bien peu d’entre nous ont
gardé ce corps-là, et la plupart de ceux qui l’ont
eu, l’ont perdu suite à un accident, un choc, ou
une sédentarité excessive.
Le diaphragme, clé du mouvement
biodynamique
Là où va la respiration vont également les
fluides et l’énergie, et donc le mouvement. La
colonne vertébrale étant l’axe principal de la
propagation du mouvement respiratoire qui
circule de manière ondulatoire, toute déformation
ou blocage de celle-ci est une entrave à la
bonne circulation de l’énergie dans le corps. Ce
mouvement stimule l’aérodynamisme de la
colonne, surtout en statique verticale. Il entretient
un corps sain, souple, agile, le préservant
d’un vieillissement prématuré.
Libérer le mouvement de la respiration était
une préoccupation majeure de Wilhelm Reich,
notamment avec le fameux mouvement
respiratoire de la « méduse », souvent limité
par des diaphragmes verrouillés dans l’inspir,
témoins du refoulé émotionnel.
Réalisant l’importance du diaphragme dans la
liberté du mouvement de la colonne, je me suis
improvisé « déverrouilleur » de diaphragmes…
Une fois les diaphragmes déverrouillés, les
gens retrouvaient, comme par enchantement,
un bassin et une colonne fluide, avec des appuis
en relation avec le centre de gravité et un axe
tout aussi libre que leur respiration.
Sans le savoir, je mettais en place la structure de
base du mouvement biodynamique directement
calée sur le mouvement de la respiration: le
sacrum qui impulse, la poitrine qui décale en
ouvrant en avant et le « relâché » du diaphragme
qui ramène le buste dans l’assiette du bassin.
Très vite, la rééducation se faisait toute seule
dans le délié d’une marche féline, et sur la
musique, les élèves se laissaient aller au plaisir
du mouvement, sans se rendre compte qu’ils
dansaient déjà (les corps oscillent, se déplacent,
partent en spirale, jaillissent… toujours dans la
récupération du poids du corps, tel un chat
qui dans n’importe quel déséquilibre
récupère toujours son centre de gravité).
Alors que les pieds et le bassin
marquent le rythme avec de plus en
plus d’assurance et de précision, le
haut du corps suspend, étire la
mélodie. Les corps libres semblent
surfer sur la vague du mouvement
biodynamique qui le traverse tout en
l’unifiant. Il n’y a plus à faire, mais à être pleinement
à l’écoute du ressenti du moment, en
résonance avec la musique et ainsi habiter l’expression
pour que le mouvement prenne sens
et devienne une danse.
Ainsi la danse biodynamique ne s’apparente
pas à une technique de pas que l’on reproduirait
le mieux possible à force de répétitions et
d’entraînements, telle que nous l’avons développée,
elle ressemble davantage à une
approche organique du mouvement qui, en
réparant les carences et les blocages dans le
corps, offre la possibilité de nous rendre l’agilité
du « corps félin » dont la grâce et l’aisance
peuvent nous permettre d’exprimer la danse
sous sa forme universelle.
(1) Itsuo Studa : Maître japonais, créateur du
mouvement régénérateur.
(2) Temple Fay : Neuropsychologue américain
des années 30, à l’origine de la méthode de
Réorganisation Neurologique (à partir des différentes
phases du mouvement de l’évolution
des espèces).
(3) Béatrice Padovan : Orthophoniste brésilienne
qui a intégré la Réorganisation Neurologique
dans son travail de rééducation.
Pour + d’infos, consultez
le carnet d’adresses p. 60.
des vidéos à télécharger sur www.generation-tao.com Génération Tao n° 57 39
Ce corps félin
toujours relié
à son centre.
Rafael Baile est danseur
professionnel (ex-soliste
au Ballet-théâtre
d’Aquitaine), thérapeute
psycho-corporel
(diplôme de l’Ecole de
Psychologie Biodynamique
de Montpellier),
créateur de la Danse
Biodynamique.
Animateur de cours,
d’ateliers et de stages
en France et à l’étranger.
Formateur d’accompagnants,
d’animateurs
et de danseurs en Danse
Biodynamique.
Rafael Baile a
publié « La
danse biodynamique,
Spirale
de Vie »
aux éditions
Le Souffle
d’Or.
PORTRAIT